Dans une approche de jardinage plus holistique, l’intégration des arbres et arbustes au potager s’avère être une pratique enrichissante et bénéfique, rompant avec les schémas traditionnels de séparation des cultures. Découvrez comment planter, tailler et choisir les légumes à associer pour tirer pleinement parti des bienfaits que ces végétaux apportent à votre potager.
Expérience : cultiver des haricots sous un arbre
Dans un potager traditionnel, l’arbre est souvent relégué en périphérie, considéré comme encombrant et ombrageant les cultures environnantes. Cependant, une expérience personnelle a remis en question cette convention en explorant les avantages d’introduire des arbres au sein même du potager.
À la lisière de mon terrain, à proximité immédiate du potager, prospère un vieux noyer. Initialement, sa présence avait dicté la limite du potager, supposant qu’aucune plante ne pousserait sous son couvert. Pourtant, cette année, j’ai décidé d’installer l’un de mes deux tipis de haricots sous ses branches. Cette initiative s’est révélée fructueuse ! Durant un été particulièrement pluvieux, les seuls haricots à prospérer avec succès étaient ceux grimpant sous le noyer. Simple coïncidence ? Peut-être…
Depuis un certain temps, de nombreuses expériences ont été menées, associant arbres et cultures potagères. Les résultats obtenus par des jardiniers et des agriculteurs s’avèrent plutôt prometteurs.
Les bienfaits des arbres et arbustes dans le potager
Les arbres et arbustes apportent de nombreux avantages au potager :
- Ils contribuent au maintien de la fertilité du sol en créant de l’humus, en absorbant les nutriments et en fournissant du BRF.
- Grâce à leurs racines, ils améliorent la gestion de l’eau en favorisant l’infiltration vers les nappes phréatiques.
- En protégeant les sols de l’érosion, ils préservent la structure du jardin.
- Certains arbres peuvent servir de barrière naturelle contre le soleil et le vent, offrant ainsi une protection aux cultures.
- En fournissant un habitat aux auxiliaires du jardinier, ils favorisent un équilibre écologique bénéfique.
- En attirant les pollinisateurs, ils participent à la biodiversité du potager.
- Certains arbres fruitiers offrent des récoltes savoureuses pour agrémenter les repas du jardinier.
- Au niveau environnemental, la présence d’arbres contribue à la lutte contre l’effet de serre et le changement climatique.
L’agroforesterie : intégrer des arbres dans le potager
La pratique de l’agroforesterie, qui associe arbres et cultures, s’est développée en raison des nombreux bienfaits des arbres pour les paysages et l’agriculture. Cette approche, regroupée sous le terme d’agroforesterie, peut être adaptée à une échelle réduite dans un jardin potager.
Différentes méthodes d’intégration des arbres dans les cultures peuvent être envisagées, telles que les haies, les arbres isolés, les pré-vergers ou les rangées d’arbres au sein des parcelles agricoles. Il est essentiel de gérer la compétition entre les arbres et les cultures en prenant en compte des éléments tels que le développement des racines, les ressources en eau et en nutriments, ainsi que la lumière.
Pour optimiser cette cohabitation, plusieurs pratiques peuvent être mises en place :
- Utiliser des espèces variées et adaptées, avec des feuillages peu denses et caducs, ainsi que des ports différents pour favoriser la diversité ;
- Pratiquer la taille des arbres (taille de formation, recépage, élagage) pour contrôler leur développement aérien et souterrain ;
- Profiter du décalage des cycles végétatifs des arbres et des cultures pour une utilisation optimale des ressources disponibles ;
- Envisager la production potagère dans sa globalité, en la faisant évoluer avec le développement des arbres.
Exemple d’agroforesterie : rangs de peupliers dans une culture d’orge – (AGFORWARD project / flickr.com)
Le Jardin-forêt : un verger-potager sur trois étages
Le concept de jardin-forêt s’appuie sur la même constatation faite en agroforesterie : là où l’homme n’intervient pas, la forêt (ou plutôt les bois) s’installe, l’exemple type d’un milieu fertile, productif et équilibré. Un jardin potager dont la végétation serait organisée comme celle d’un bois, avec un minimum d’intervention humaine, doit donc pouvoir reproduire cet équilibre.
Le jardin-forêt met donc en place un système étagé de végétation, composé d’essences locales adaptées aux conditions climatiques et pédologiques de la région, comme cela se fait naturellement dans un bois, mais dont l’objectif est ici de nourrir. La mise en place d’un jardin centré sur des espèces pérennes permet d’intervenir le moins possible sur le sol, d’où une économie de temps et d’énergie.
Sont représentés l’étage des arbres (pommiers, poiriers, pruniers…), celui des arbustes (petits fruits, noisetiers…), et enfin celui des plantes herbacées (légumes vivaces, aromatiques).
Jardin de Gilbert et Josine Cardon à Mouscron – (Kornofulgure / flickr.com)
Tout l’art du jardin-forêt
L’art du jardin-forêt réside dans sa capacité à jouer avec les particularités de chaque espèce et chaque étage : diversité des formes et vigueur des plantes, capacité à être taillé, adéquation des besoins en lumière des étages inférieurs et feuillaison de l’étage supérieur, décalage des cycles végétatifs…
Il exploite également des espaces ouverts, organisés autour de lisières et de clairières, permettant la culture de nombreux fruits et légumes vivaces ou pérennes tels que l’épinard, l’arroche, la poirée, le chou perpétuel, le chou marin, la livèche et autres feuilles qui se rapprochent des plantes sauvages comme la consoude, plantain, l’alliaire, l’ail des ours…
Un jardin-forêt peut être conçu même sur un espace restreint.
Pour obtenir des légumes annuels, nécessitant beaucoup de soleil, il semble cependant nécessaire d’associer le jardin-forêt à un « vrai » jardin potager. Bien que l’expérience menée en Belgique (à Mouscron) par Gilbert et Josine Cardon au jardin des Fraternités Ouvrières semble nous prouver le contraire… À voir impérativement !
Pour aller plus loin
Pour approfondir les problématiques de l’agroforesterie, rendez-vous sur le site internet de l’Association Française d’agroforesterie : http://www.agroforesterie.fr/
Pour tout savoir sur le jardin-forêt, de la conception au choix des essences : « Créer un jardin-Forêt » de Patrick Whitefield, Éditions Imagine Un Colibri.
Pour découvrir des exemples de jardins-forêts : « Le guide de la permaculture au jardin », de Carine Mayo, Éditions Terre Vivante.
Les arbres conduits en taillis ou en têtard produisent du bois de chauffage ou de BRF, les arbres en futaie produisent du bois d’oeuvre, les fruitiers produisent des fruits.
Foire Aux Questions
Q: Quels sont les avantages d’intégrer des arbres et arbustes au potager?
R: Les arbres et arbustes peuvent fournir de l’ombre, améliorer la biodiversité, protéger des vents, et enrichir le sol grâce à leurs racines profondes.
Q: Comment choisir les arbres et arbustes à cultiver dans un potager?
R: Il est important de sélectionner des espèces adaptées au climat local, à la taille de votre potager et aux besoins de vos cultures.
Q: Quels légumes sont compatibles avec la présence d’arbres et arbustes?
R: Certains légumes, comme les tomates, les salades ou les herbes aromatiques, peuvent bénéficier de l’ombre et de la protection apportées par les arbres et arbustes.
Q: Comment planter des arbres et arbustes dans un potager?
R: Il est recommandé de prévoir un espacement adéquat, de bien préparer le sol en amont, et d’arroser régulièrement les jeunes plantations.
Q: Dois-je tailler les arbres et arbustes dans mon potager?
R: Oui, la taille régulière permet de favoriser la croissance harmonieuse des végétaux et de limiter les maladies et parasites.
Q: Comment entretenir la cohabitation entre arbres, arbustes et légumes dans un potager?
R: Il est essentiel de surveiller la concurrence pour la lumière, l’eau et les nutriments, et d’adapter les associations en fonction des besoins de chaque plante.