La tomate, joyau incontesté des potagers, séduit aussi bien les jardiniers novices que les experts grâce à ses multiples variétés et saveurs inégalées. Cultiver des tomates toute l'année et pallier les effets du mauvais temps ou du mildiou soulève une question essentielle : la serre froide est-elle la clé pour une culture réussie en toute saison ?
Les avantages de la culture sous serre
La serre froide apporte deux avantages importants pour la culture de la tomate. Le premier est qu’elle offre un abri contre l’humidité ambiante, les fortes rosées et la pluie, qui créent des conditions favorables au développement de la maladie tant redoutée, le mildiou. Le deuxième est que l’atmosphère, à l’intérieur de la serre, se réchauffe très rapidement dès qu’un rayon de soleil apparaît. Dans un environnement chaud, les tomates murissent plus précocement et les variétés tardives peuvent produire plus longtemps. Ainsi, le jardinier qui cultive ses tomates sous serre froide peut gagner trois à quatre semaines par rapport aux mêmes pieds cultivés à l’extérieur.
Les contraintes d’une culture sous abri
Si la culture sous abri apporte de bonnes solutions à la culture des tomates, elle doit cependant être conduite en respectant quelques règles. La première des contraintes de la serre réside dans la difficulté de respecter le principe de rotation des cultures dans un espace restreint. Pour rappel, la rotation des cultures est vivement conseillée pour ne pas épuiser le sol et pour éviter que les parasites et les maladies spécifiques à un légume, ou à une famille de légumes, s’installent dans le sol.
Le premier écueil, à savoir l’appauvrissement de la terre, peut être compensé par des apports nutritifs extérieurs. Ils peuvent se faire par la mise en place d’un compost de surface, d’un paillage permanent constitué de tontes de pelouse, de déchets du potager et de paille, et par l’apport de compost entre deux saisons de culture. Quant à la présence de champignons pathogènes dans le sol, et en particulier pour la tomate, celui responsable du mildiou, la serre permet justement de s’en prémunir.
Attention ! La culture sous serre peut entraîner l’arrivée ou le développement de nouveaux indésirables, comme par exemple les aleurodes qui affectionnent les ambiances chaudes, et les champignons qui se développent dans les espaces confinés et humides. Pour cela, il est impératif d’aérer la serre régulièrement. Si vous n’avez pas le temps d’ouvrir les portes tous les matins, le mieux est de laisser un pignon de la serre (qui ne se trouve pas exposé au nord) ouvert en permanence. De temps en temps, faites des courants d’air en ouvrant un côté, une fenêtre ou une deuxième porte.
Un autre problème qui pourrait se poser est lié à la pollinisation. Étant à l’abri des vents et des pollinisateurs, les fleurs sont peu secouées et peu butinées… sauf si vous laissez les portes ouvertes justement ! Et pour donner un petit coup de pouce à la nature, rien ne vous empêche d’aller remuer délicatement les fleurs de vos plantations à la main.
La troisième et dernière contrainte concerne l’arrosage. Les plants sous serre ne bénéficient pas des arrosages naturels que sont la pluie et la rosée. Dans cette ambiance chaude et protégée, les tomates peuvent vite manquer d’eau. Il faut donc être plus présent avec l’arrosoir. Pour vous faciliter la tâche, pensez à installer un système « goutte-à-goutte ».
La culture en pratique
La plantation
Les pieds de tomates sous serre peuvent être mis en place dès la fin du mois d’avril, voire mi-avril si la météo le permet. Cela suppose donc de faire les semis dès le mois de février.
- Préparez la terre : nettoyez et aérez toute la surface sous la serre, si celle-ci est dédiée aux tomates.
- Creusez les trous de plantation, avec un espacement de 50 cm en tous sens. Remplissez-les d’eau.
- Arrosez les plants pour que la motte soit bien imbibée, puis posez-les dans chaque trou.
- Rebouchez les trous avec la terre extraite, à laquelle vous aurez mélangé environ 1 litre de compost. Pensez à enterrer la tige sur quelques centimètres pour favoriser l’émission de racines.
Les tuteurs
Les tuteurs peuvent être les mêmes que ceux utilisés en culture extérieure. Mais si la serre n’est pas très haute, il peut être malaisé de procéder à leur installation. Dans ce cas, préférez le système « à ficelle ». Attachez en hauteur une ficelle assez grosse à la structure de la serre et fixez-la au sol, près du pied de tomate, à l’aide d’un piquet de tente ! Au fur et à mesure que le plant prend de la hauteur, enroulez la tige à la ficelle.
Efficace contre les intempéries et le mildiou, la culture des tomates sous serre froide demande certaines attentions, qui, si elles ne sont pas prodiguées, peuvent être tout autant dévastatrices que les maladies ou un coup de gel. Si elle est très utile, voire nécessaire dans les régions froides ou pluvieuses, elle n’est pas adaptée dans le Midi. Dans les régions intermédiaires, un toit peut parfois suffire.